Lettre à mon Amie 2

"And when you're in need of someone my heart won't deny you, so many seem so lonely with no one left to cry to"

On s’était fait des promesses, en tout cas des aveux, en riant, dans toute la candeur de notre début de vie, dans la force de nos adolescences; ces moments où on sait tout, où on a enfin ouvert les yeux et compris. Plus rien ne nous résiste, on vaincra, on fera mieux et on ira loin. C’était le temps où nous avions besoin de croire en quelque chose de transcendant qui n’était qu’à nous et nous permettait l’illusion  surtout de croire en nous-mêmes. On en était convaincues, c’est sûr, le cadavre on le porterait pour l’autre, sans hésiter, sans questionner, sans douter. 

Et maintenant ? Avec l’éloignement, l’exil, les chemins douloureux et différents qui nous ont menées à nous perdre, à nous ignorer… Est-ce que c’était vraiment pour toujours quoi qu’il arrive ou est-ce qu’on peut reprendre notre parole ? Pour qui sonne le glas ? Nous ? Nos promesses futiles ? Notre naïveté ? Il n’y a plus de "nous" présent, ou juste un parfum qui flotte dans un coin reculé de notre mémoire ; mais dans notre cœur, là où tout se joue, là où Corneille et Racine se battent, là où il est si difficile d’accéder, d’avoir le courage de regarder, de voir et ensuite d’assumer ce qui a été mis à nu, qu’en est-il ? J’aimerais croire que si j’en avais besoin, tu ne me rejetterais pas. Mais pas parce que tant de personnes ont l’air si seules et n’ont nulle part où se tourner, mais parce qu’un jour on y a cru si fort et que le temps pour cette fois, n’y peut rien.